Ils
m'ont mis une plume en main et ils ont crié: Abjure!
J'ai
fait tomber une goutte d'encre sur le papier, comme ça, par manque
d'habitude, et puis j'ai tracé un cercle, mais un cercle ce n'est
rien, un cercle, ce n'est pas une signature un cercle.
C'est
une croix que je devais tracer, une croix: emblème des misérables,
des analphabètes, des illettrés!
Une
grosse main poilue s'est posée avec tout son poids sur la mienne, et
voilà: la croix au beau milieu de ma tâche devenue cercle...
Si
j'avais su que ça faisait un si beau dessin j'aurais demandé à
l'avoir brodé sur mon étendard. Mais bien sûr j'en savais rien...
Il
y a des choses que tu ne sais qu'après et c'est bien dommage, mais
il y a des choses qu'il est mieux de ne pas savoir avant, autrement
plus rien ne bouge.
Est-ce
que j'aurais bougé si j'avais su d'avance ce qui va se passer quand
les portes vont s'ouvrir?
Je
me le demande et je réponds: oui, j'aurais bougé.
J'étais
faite pour cela, j'étais faite pour vivre cette vie-là, la mienne.
Pour
aller à la rencontre de ma mort, la mienne.
Cette
mort-ci et pas une autre...
Oh!
D'où me vient cette assurance... de toi... de vous... de moi?
Je
ne veux pas voir souffrir...
Je
ne veux pas voir mourir...
Je
ne veux pas voir ma mort...
Je
ne veux pas me voir en proie à cette mort-là qu'ils m'ont promise.
Que
tout le monde, le beau monde des cours veut que j'affronte.
Par
mon bâton, zut à eux!
Mon
esprit t'écoute, mais mon corps râle comme un loup éventré...
Mon
esprit a déjà abandonné sa carcasse. (da JEHANNE di Patrizia Filia)
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